Aude : l’épicière

Aude : l’épicière

18/03/2025

Danièle-Nicole : Tu es la gérante de l’épicerie day by day située à Lyon 6. Tu es épicière ! Est-ce un métier que tu as toujours envisagé de faire ?

Aude : Absolument pas! J’étais autrefois éducatrice spécialisée. L’idée est venue à un moment où je voulais changer de travail tout en exerçant un métier qui ait du sens. À cette époque, grâce à des amies engagées dans la réduction des déchets, j’ai commencé à acheter en vrac. Et en mettant les pieds dans un day by day, j’ai imaginé ouvrir ma propre épicerie. J’ai tout de suite accroché avec le concept, les valeurs de l’enseigne, et le fait que ce soit une franchise car, je ne me serais pas sentie capable, de me lancer seule.

Que savais-tu sur ce métier avant de suivre une formation pour l’exercer ?

Pas grand-chose ! Ce n’était pas le métier d’épicier en lui-même qui me faisait peur, mais plutôt la vie d’entrepreneur. Du jour au lendemain, il fallait gérer une multitude d’aspects : commandes, administratif, marketing, management, et même bricolage pour aménager et réparer à moindre coût !

Tu as quatre années d’expérience. Comment s’est passée ta première année ? Que retiens-tu de tes débuts ?

Comme je le disais, j’ai dû apprendre sur le tas de nombreux métiers avec de nouveaux outils et logiciels. J’étais débordée ! Chaque étape me demandait énormément de temps et de concentration. Aujourd’hui, je gère les choses beaucoup plus rapidement et sereinement. Heureusement, car l’activité a beaucoup augmenté!

Quelles belles découvertes as-tu faites sur ton métier, que tu ne soupçonnais pas avant d’ouvrir ton épicerie ?

La relation client dans un commerce de proximité! Même en tant que cliente, je ne connaissais pas cette dimension, car je faisais mes courses dans des endroits plus impersonnels. Aujourd’hui, j’adore ces échanges avec mes clients, et je pense que c’est une vraie valeur ajoutée, aussi bien pour eux que pour moi.

J’ai eu l’occasion de t’observer travailler durant deux semaines. Avec les habitués, tu discutais des produits et de leurs derniers achats. Avec les nouveaux clients tu expliquais comment se servir dans l’épicerie, et tu leur présentais tes valeurs ainsi que tes engagements. La vente-conseil est-elle indispensable dans une épicerie en vrac ?

Oh oui ! C’est notre plus-value. Un commerce de proximité, c’est avant tout un lieu où l’on accompagne les clients. Certains découvrent le vrac et ont besoin d’être guidés. D’autres reviennent avec des questions sur les produits. Et puis, il faut aussi veiller à ce que les bacs soient toujours pleins et aider les clients à se servir.

Comment se passe le réemploi chez day by day ?

Nous privilégions toujours le vrac mais certains produits, ne sont pas adaptés pour des raisons d’hygiène ou de conservation. Dans ce cas, nous les proposons en contenants consignés. Le client paie 50 centimes en plus, qu’il récupère en nous ramenant le contenant vide. La majorité de mes fournisseurs sont engagés dans le réemploi. Pour ceux qui sont trop éloignés, nous lavons nous-mêmes les contenants et les remettons en circulation dans notre bac de dons, destiné aux clients qui viennent sans contenant.

Depuis deux ans, tu embauches des étudiants en alternance. Actuellement, tu es épaulée par Typhaine et Mélissa. Leur soutien allège ta charge de travail. Y a-t-il néanmoins d’autres défis auxquels tu fais face pour exceller dans ton travail ?

J’en profite pour remercier chaleureusement toutes les alternantes passées par l’épicerie, ainsi que Mélissa et Typhaine, qui m’aident énormément au quotidien. Mon principal défi reste de faire progresser l’épicerie, car mon chiffre d’affaires ne me permet pas encore d’en vivre correctement. Je dois donc continuellement me renouveler, proposer de nouveaux produits et faire connaître l’épicerie pour attirer plus de clients.

Au sein de la boutique, il y a plein de conseils affichés sur le gaspillage alimentaire et les bénéfices du vrac. Quels conseils peux-tu nous donner pour conclure cette interview ?

Acheter en vrac doit rester un plaisir ! Il ne faut pas chercher à tout changer du jour au lendemain. Certaines personnes commencent simplement par mieux trier leurs déchets, ce qui est déjà une belle démarche. Mais avec le vrac, on ne se pose même plus la question du recyclage : moins de déchets, c’est mieux que des déchets à recycler.

Pour éviter le gaspillage alimentaire, il faut apprendre à acheter la juste quantité. Dans l’épicerie, les étiquettes et balances sont là pour aider à doser au plus juste et limiter le gaspillage. Car au final, jeter de la nourriture gaspille bien plus de ressources, qu’un simple emballage !

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Danièle-Nicole

Fondatrice de PAPI

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