L’interview de la semaine
08/09/2020
L’expo de Stan
Stanley LOUIS, de son surnom Stanlouis, est membre de l’équipe de PAPI depuis la saison 3, saison depuis laquelle a été créée la PAPI Team.
Stanlouis est un photographe professionnel. Ses œuvres sont consultables en ligne sur Instagram @iam_stanlouis et elles le seront en France, du 25 au 27 septembre 2020, au centre culturel Kale Be Beat situé au 15 quai du Square 93200 Saint-Denis.
Tout photographe a une signature que ça soit en fonction de la préférence de ses plans, du sujet de ses photos, ou du message qu’il exprime, par ses créations, par ses expositions.
Qu’en est-il de Stanlouis ? Quel photographe est-il ?
“ Je suis intéressé par la photographie depuis un bon moment; cela fait près de dix ans. J’ai toujours été attiré par une photographie qui se démarque de ce que les gens autour de moi pratiquaient. Mon style photographique se réclame poétique, artistique et esthétique. Celui-ci tourne autour de l’identité et de l’intimité. C’est de toutes ces prétentions, que se constituent, l’essentiel de mon univers et de ma pratique photographique.”
– Sur l’affiche, on voit un cintre. Bien souvent, lorsqu’on parle de chambre, lorsqu’on veut mettre en lumière le thème de la chambre, on pense au lit, à la table de chevet, à la literie,…mais pas à un cintre! Le cintre renvoie bien souvent l’image du pressing, de tout ce qui a attrait au vestimentaire. En plus avec l’engouement pour les dressings, la chambre et le dressing sont de nos jours, bien souvent, deux pièces bien distinctes. Il est donc possible de ne trouver aucun cintre dans une chambre. Je trouve que le fait de mettre en avant cet objet généralement caché dans une armoire, cet objet qui passe souvent inaperçu dans une chambre, suscite la curiosité et donne envie d’aller voir ton exposition parce qu’on se demande quel autre objet inattendu, sera mis en lumière dans tes photos.
Est-ce toi qui as choisi la photo de ton cintre pour ton affiche ?
– D’entrée de jeu, c’est un projet que je porte depuis environ 2 ans. Pour être précis, c’est depuis février – mars 2018. J’ai toujours joué avec la question d’intimité depuis ma première photo pour le projet. C’est quelque chose qui m’interpelle et je pense, qu’elle est difficile à cerner. La photo sur l’affiche, c’est mon choix, et c’est, l’une de mes préférées ! Certains diront qu’elle renvoie à l’aspect minimaliste, d’autres pensent que c’est d’une légèreté ou que c’est un appel à la curiosité … Moi je crois que la poésie est partout et en tout. Il suffit de savoir comment la trouver. Dans cette expo on va retrouver de la poésie. Je ne cesse de parler de poésie parce que je pense que c’est l’une des choses, qui peut réconcilier l’humanité.
Dans l’expo on retrouvera des linges, du corps, etc. Il faut venir!
– Le nom de ton exposition ROOM_IN a attiré mon attention. À travers ton exposition on va rentrer au cœur de ta chambre, au cœur de ta « ROOM ». C’est peut-être pour ça que tu as donné le nom » ROOM_IN ». De l’anglais « ROOM » qui signifie » chambre » et « IN » qui peut se traduire par « dans », » à l’intérieur de ». En même temps, on peut aussi penser, à l’expression courante » être in », pour dire être tendance, être à la mode.
As-tu choisi ce nom juste pour annoncer le ton de ton expo, juste pour annoncer qu’on allait rentrer dans l’univers de ta chambre ? Pourquoi ce nom ?
– L’expo c’est un appel à pénétrer mon intimité. C’est une façon de déconstruire en quelque sorte, le regard stéréotypé par rapport à l’art et la poésie.
J’ai choisi le titre ROOM_IN parce que je n’avais pas trouvé d’autres titres ou quoi que ce soit, pour élucider ce que je voulais vraiment faire. J’ai trouvé que c’était cool et que c’est en lien, avec mes prétentions et mon travail en lui-même.
– Dans l’annonce de ton exposition, il est dit que tu nous amènes à nous poser la question de l’intimité, et à découvrir, la personnalité de l’artiste que tu es. Est-ce que ce sont vraiment des objets que l’on trouve dans ta chambre ou c’est une mise en scène? Est-ce que c’est ta personnalité que tu veux révéler à travers ces objets qui se voudraient tiens ?
– C’est une partie de moi, c’est ma personnalité. Il y a de la mise en scène mais les objets sont réels. Ils sont la continuité de ma personne.
– Quand j’étais encore à l’école, au cours d’arts plastiques, lorsqu’on analysait une œuvre et qu’on disait ce qu’on pensait de la personnalité de l’artiste, les réponses dans la classe étaient vraiment très différentes! En disant que par ton exposition on va en apprendre plus sur ta personnalité et que l’analyse de chacun sur tes œuvres peut différer, il est fort possible qu’on t’attribue une personnalité, radicalement opposée à celle que tu as ! Tu me diras, l’analyse de l’art est très subjective et qu’on n’a pas la même sensibilité artistique. Néanmoins, j’aimerais savoir, pourquoi tu as osé faire cette mise à nu pour y révéler une partie de ta personnalité ?
– Ce qui est important, c’est mon désir de ramener les gens dans mon intimité. L’art doit être choquant ! J’aime bien ce qui choque, c’est l’essence de ma personne. J’aime aller à contre-courant, j’aime remettre en question, j’ai la parole libre! C’est ce qui me définit !
– ROOM_IN est-elle ta première exposition ?
– Non! J’ai déjà fait des expos mais c’est avec d’autres artistes. Le travail photographique qui m’a marqué, c’était en Haïti en 2016 ou 2017, avec une association qui voulait sensibiliser sur le patrimoine culturel immatériel. J’ai contribué à la réussite de ce projet, j’avais plusieurs de mes photos qui étaient aussi exposées. ROOM_IN sera ma première “solo exhibition”.
– Y a-t-il un photographe expérimenté qui t’a épaulé pour préparer ton exposition ?
– Pour ce présent travail, j’ai eu le regard critique de Claude Pauquet, sur certaines photos. Il est photographe à Poitiers. J’ai suivi avec lui, un workshop sur la photographie esthétique.
– Enfin, pour en apprendre plus sur le photographe que tu es, on va revenir sur la naissance de ta passion pour la photo. Comment est-elle née ? Est-ce que c’est après avoir été à une exposition ? Est-ce en ayant vu une photo? Est-ce après avoir testé un appareil photo ?
– J’ai toujours été dans des petits espaces où il y avait des images exposées ou des photos. L’influence, pour être plus clair, je l’ai surtout eue dès ma première année de licence. Il y avait une bibliothèque proche de la fac, je la fréquentais, et j’ai eu l’opportunité de rencontrer des photographes intéressants. Là-bas, j’ai essayé de me construire, photographiquement. (Rires).
Je passais aussi du temps à lire des livres et à regarder des catalogues de photos, qui étaient disponibles dans la bibliothèque. J’ai failli abandonner mes études universitaires pour me lancer dans la photo mais, ma mère, était trop stricte ! Je ne pouvais pas! Aujourd’hui, je suis quand même fier parce qu’à côté de la photo, j’ai déjà un bac + 5 en patrimoines et musées.
Bisous à ma mère 🙂