L’origine de sa passion
15/03/2021
Une personne passionnée ne peut que parler avec joie, de l’origine de sa passion. Pour cette personne, le souvenir de la naissance de cette passion ne peut être, qu’un bon souvenir. Dolorès est une passionnée de cuisine; une grande passionnée ! Cette passion est née dans son enfance et demeure, jusqu’à présent. Dolorès ne limite pas sa passion à son quotidien ou à ce qu’elle en fait actuellement. Dolorès, se projette, avec sa passion !
Retour sur l’origine de la passion culinaire de Dolorès.
Danièle-Nicole : Bonjour Dolorès . Avant d’entrer dans le vif du sujet, je suis interpellée par le nom de votre activité « Cuisine Afropéenne ». Il est plus facile de caractériser la cuisine d’un pays que de caractériser celle d’un continent. C’est plus évident de citer des plats locaux propres à un pays, que des généralités sur la cuisine de tout un continent. Qu’entendez-vous par cuisine Afropéenne? Pouvez-vous citer deux ou trois particularités de la cuisine africaine ?
Dolorès : Bonjour Danièle. D’abord merci pour l’honneur que vous me faites par cette interview, de parler de ma passion de toujours : la cuisine.
Pour en venir à votre question, disons que de par mes origines, je me suis sentie dès le début de mon aventure culinaire qui a débuté très tôt quand j’avais 10 ans, attirée par la cuisine. J’ai été attirée par la cuisine suite à l’admiration que je porte à mon père qui m’a influencée de par son génie culinaire.
En outre, je bénéficie de cette double identité enrichissante pour orienter ma vision de la cuisine car, même si je suis née en France, je suis originaire du Gabon et c’est pratiquement entre celui-ci et mon pays de naissance, que j’ai vécu ; ce qui m’a inévitablement enrichie doublement. À cela s’ajoute, la pluralité de mes origines. Ma mère est aussi originaire de la Martinique et de la Bretagne de par son père. De par mon père a également, j’ai des origines congolaises. D’ailleurs, j’allais souvent en vacances au Congo, pour voir ma grand-mère.
Par ailleurs, par Cuisine Afropéenne, j’entends la symbiose, sinon la parfaite harmonie, entre la cuisine africaine et occidentale.
La cuisine africaine est à la fois passionnante et complexe car elle est plurielle et donc multidimensionnelle ; mais s’il fallait en tirer 3 spécificités je dirais ceci :
– Les épices : Un bon plat doit être relevé pour éveiller les papilles sans toutefois les agresser.
Je suggère des épices comme le gingembre, le djansan, le pèbè, ou les crevettes séchées que l’on retrouve un peu partout en Afrique comme en Côte d’Ivoire, Éthiopie, Cameroun…
-Les condiments et marinades : C’est la chose dont on ne peut se passer quand on cuisine un plat africain. Les plus appréciés et le plus utilisé restent le bouillon de cube ou les arômes concentrés liquides mais, le fait-maison, reste pour moi, le meilleur en termes de santé et qualité gustative. Ail, oignons, persil (la base) et le tour est joué!
– Pour finir, un bon plat africain doit être convivial et qui dit convivialité, dit copieux !
Je vous suggère d’ailleurs une de mes recettes » Un poisson à l’Odika » que l’on retrouve au Gabon, où vous trouverez ces trois spécificités de la cuisine africaine.
Votre aventure culinaire a débuté très jeune, quand vous aviez 10 ans. Il est très rare de voir des enfants de cet âge s’intéresser à la cuisine. Pouvez-vous revenir en quelques mots sur cette période de votre vie, en nous expliquant comment vous avez cultivé cette passion au cours de votre jeunesse, et en nous partageant, le souvenir du premier plat que vous avez cuisiné?
Effectivement, j’ai été happée par l’aventure très tôt. Cela est dû au fait de ma douce gourmandise pour les bons plats que cuisinait mon père. Il est l’AS des AS de la cuisine. Du lundi au vendredi, ma fratrie et moi, étions réveillés par le chant des casseroles qui provenait de la cuisine. Le repas devait être prêt avant son départ pour le travail car tout le monde devait être à table, car nous mangiobs tous ensemble, le midi.
Le week-end, c’était le moment que je préférerais le plus. Pas de travail, pas d’école, enfin je pouvais être avec lui dans la cuisine ! Tablier, couteau en main, j’ai donc commencé par laver, éplucher et couper les légumes, tout en regardant ce qui se passait autour de moi.
Pour mon treizième anniversaire, il feignit d’être fatigué tout en me disant que c’est moi qui ferais le repas du midi ; et ce fut le commencement de tout ! Je ne me suis plus arrêtée de copier d’abord les recettes de mon père; puis j’ai gagné au fur et à mesure mon indépendance, en créant mes propres recettes et en ayant décidé de faire de sa passion, mon métier.
Il a fallu se confronter aux jugements extérieurs qui étaient parfois proches du mépris … Comme quoi, la cuisine n’était pas un métier ! Soutenue par ma fratrie et mes parents, j’ai tenu face aux baisses de moral, aux critiques, … J’ai ensuite intégré une école hôtelière sur Libreville et j’ai continué mon apprentissage, en France.
Aujourd’hui, mon rêve est de plus en plus à la portée de ma cuillère, avec pour objectif, ouvrir un jour mon propre restaurant où il y aura une belle pancarte sur laquelle on pourra lire: RESTAURANT CHEZ « MAKDO » (Rires).
Vous faites de la cuisine gabonaise. Quelles sont les particularités de cette cuisine? Pouvez-vous citer quelques plats ou ingrédients locaux?
Ma cuisine est faite de multiples horizons. Néanmoins, elle prend comme base, la cuisine gabonaise, qui a été au fondement même de ma formation. Pour parler de la cuisine gabonaise, je dirai qu’elle a du caractère car la plupart des gabonais, l’aiment pimentée ; mais il reste à l’appréciation de tout un chacun.
Il y a des plats comme : le poisson salé, les feuilles de manioc, la sauce arachide, la sauce noix de palme, le Nkumu et bien sûr mon préféré, la sauce à l’Odika.
Parmi les plats locaux que vous venez de citer, vous avez mentionné la sauce à l’odika. Qu’est-ce que l’odika ? Comment prépare-t-on cette sauce ?
L’odika ou encore chocolat indigène, est un fruit qui ressemble étrangement à une mangue sauvage. C’est un fruit qui a pour nom scientifique : Irvingia gabonensis. Il pousse dans la forêt d’Afrique centrale, au Cameroun, en Guinée Équatoriale, au Congo, et au Gabon. Au Gabon plus précisément, les fruits mûrissement entre le mois de mai et septembre. Le processus de fabrication passe part de la torréfaction, un moment que j’apprécie car l’odeur qui se dégage, vous rappelle celle du cacao. C’est sûrement dû à cette odeur, qu’on l’appelle chocolat indigène. Il fait vraiment partie du patrimoine gastronomique gabonais.
Recette de la sauce Odika au poisson
Ingrédients :
1kg de poisson frais (selon votre choix)
2 louches de poudre d’odika (préalablement râpé)
2 oignons
1piment
2 branches de persil
3 cuillères à soupe d’huile
Sel
Poivre
2 cuillères à soupe de poudre de crevettes séchées
3 gousses d’ail
1 petit bout de gingembre
Préparation :
• Laver, éplucher, et couper ail, oignons, persil, gingembre.
• Écraser vos légumes et réserver les dans un saladier.
• Nettoyer le poisson et le couper en 2 ou 3 selon la taille puis ajouter-les aux légumes écrasés dans le saladier. Mélanger et réserver au frais.
• Dans une grande casserole mettre l’huile, ajouter l’Odika et faire revenir sans qu’il accroche environ 6 à 8 minutes à feux moyen.
• Au bout de 8 minutes, ajouter 1 litre d’eau et laisser réduire.
• Une fois la réduction faite y ajouter les morceaux de poisson et le reste du contenu du saladier.
• Ajouter sel, poivre, 600ml d’eau, le piment entier, la poudre de crevettes séchées, mettre à couvert et laisser cuire à feu doux environ 20 à 30 minutes (selon la consistance voulue).
• Vous pouvez déguster.
Le plat s’accompagne idéalement avec du riz blanc, de la banane plantain vapeur, ou encore un bon bâton de manioc.
Notre interview tire à sa fin. Quel mot de fin tenez-vous à dire ?
Je tiens à dire que tous ceux qui ont un rêve doivent le poursuivre malgré les difficultés et les aigris, parce qu’il n’y a rien de plus cher à une vie, que le rêve d’un adulte qui a pris naissance dans le cœur d’un enfant…